Les travaux menés par notre groupe sur les altérations qualitatives de la spermatogenèseintéressentplus spécifiquement les spermatozoïdes humains dans la prise en charge de l'infertilité des couples et la préservation de la fertilité masculine. Les méthodologies développées dans l'exploration de la qualité nucléaire des spermatozoïdes humains sont également utilisées dans l'exploration de la qualité des spermatozoïdes générés in vitro chez la souris comme mentionné ci-dessus. Ces travaux menés par notre groupe soulèvent des questions essentielles dans le contexte de la gestion de l'infertilité et de l'utilisation des techniques de procréation assistée pour réaliser un projet parental. L'identification de marqueurs spécifiques de la qualité nucléaire des spermatozoïdes est une étape importante pour identifier les facteurs étiologiques des altérations de qualité et définir les meilleures stratégies thérapeutiques médicales ou techniques.
L'exploration de l'intégrité nucléaire des spermatozoïdes d'hommes infertiles est souvent basée sur l'analyse d'un ou deux de ces paramètres et la combinaison de ces paramètres est exceptionnellement rapportée. Les facteurs susceptibles d'augmenter la prévalence de ces anomalies dans le noyau des spermatozoïdes (mode de vie, exposition toxique, facteurs cliniques, spécificité des altérations des spermatozoïdes...) sont rarement étudiés dans de larges populations. De plus, d'autres approches d'évaluation de la qualité nucléaire des spermatozoïdes doivent être envisagées afin d'identifier des facteurs plus pertinents pour prédire les chances de succès de l'ICSI.
Nous avons montré que les défauts de condensation de la chromatine des spermatozoïdes, mais ni la fragmentation de l'ADN ni l'aneuploïdie, sont un facteur prédictif négatif de grossesse clinique après ICSI (Bicharaet al.). Nous avons également démontré chez 50 hommes (30 oligozoospermiques, 20 normozoospermiques) que la proportion de spermatozoïdes contenant des espèces réactives de l'oxygène, des défauts de compactage de la chromatine et un nombre élevé de signaux télomériques est plus élevée chez les patients infertiles oligozoospermiques que chez les témoins (Berbyet al., 2021). En outre, la consommation de cannabis semble avoir des effets délétères sur la qualité nucléaire des spermatozoïdes chez les hommes infertiles en augmentant les anomalies du nombre de chromosomes et la fragmentation de l'ADN (Verhaeghe et al., 2020).
Les traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie peuvent altérer la qualité nucléaire des spermatozoïdes pendant et après l'arrêt du traitement. Chez les patients traités pour un cancer du testicule, nous avons observé dans un PHRC multicentrique national, après plus de deux cycles de BEP, une augmentation du taux d'aneuploïdie des spermatozoïdes 12 mois (T12) après l'arrêt du traitement et un retour aux valeurs d'avant traitement à 24 mois (T24). Après la radiothérapie, l'aneuploïdie moyenne des spermatozoïdes est revenue aux valeurs d'avant traitement à T12.À T24, près de 40 % des patients n'avaient pas retrouvé les niveaux d'aneuploïdie des spermatozoïdes d'avant le traitement (Rives et al., 2017). Des données similaires ont été trouvées dans cette étude chez des patients traités par chimiothérapie pour un lymphome hodgkinien ou non hodgkinien selon le type de chimiothérapie proposé (Martinez et al., 2017).Ces deux études indiquent également que la maladie elle-même peut avoir un impact négatif sur la qualité nucléaire des spermatozoïdes avant tout traitement.Ceci a été confirmé dans une étude portant sur 50 hommes atteints de cancer (cancer du testicule, lymphome hodgkinien, lymphome non hodgkinien, cancer solide non urologique, leucémie aiguë) avant toute prise en charge thérapeutique du cancer.
Nos résultats montrent une augmentation de la proportion de spermatozoïdes présentant des altérations nucléaires chez les patients cancéreux par rapport à un groupe témoin (hommes fertiles).Ces résultats soulèvent des questions sur l'utilisation des spermatozoïdes conservés au moment du diagnostic (Bicharaet al., 2019). Les altérations de l'ADN et de la chromatine des spermatozoïdes sont plus fréquemment détectables dans les spermatozoïdes porteurs de grandes vacuoles identifiables par l'observation MSOME (Perdrix et al., 2011, 2013).
Notre groupe de recherche Il s’intègre également dans différents réseaux de collaborations locales (CHU, CLCC), nationales (Fédération des CECOS, GDR Reproduction) et internationales (Orchidnet, ESHRE) et s’appuie sur un centre de ressources biologiques national (Germethèque).